Aujourd’hui, c’est Chanel, notre fondatrice, qui prend la parole. Dans cet article, elle nous parle de l’influence des séries sur nos vies, de l’intersectionnalité et du besoin d’avoir des personnages féminin badass. Bonne lecture !

Plus jeune, comme surement la majorité des gens de mon âge, je ne ratais absolument aucun épisode de Gossip Girl. Je mettais des serre-têtes pour faire comme Blair Waldorf, je rêvais que Chuck Bass soit mon mec et je voulais être aussi belle que Serena. Cette série a complètement influencé mon adolescence. Je me suis construite avec, pour modèle, l’idée que pour réussir je devais être un objet blond, maigre et riche.

Ces séries « influenceuses »

Je parle de Gossip Girl, mais j’aurais pu parler de Friends, des Frères Scott ou encore de How I Met Your Mother ! Ce sont des séries cultes, qui ont même pour certaines transcendées les générations. Le hic, et vous savez déjà où je veux en venir, c’est qu’elles ne sont absolument pas inclusives. Ces Blockbuster du petit écran véhiculent les codes archaïques du patriarcat. Ils sont blancs, hétérosexuelles, cysgenres… Complètement à côté de la réalité ! Je ne vais faire la morale à personne, je suis la première à connaitre l’intégralité des répliques de Friends par cœur. Mais je suis de ceux.celles qui sont pour une révolution des représentations dans les séries. Et je vais vous expliquer pourquoi.

Passion série

Les séries inondent nos écrans tout le temps. Elles nous accompagnent dans le métro, animent nos soirées Netflix et nous aident à dormir. Elles sont sur nos Iphones, tablettes et télévisions. On les regarde du fond de notre lit, depuis notre canapé, dans la salle d’attente du médecin (toujours en retard, mais c’est un autre sujet). Elles nous remontent le moral, nous font pleurer de compassion ou de rire. Les séries font parties de notre quotidien, ou du moins font partie du quotidien d’assez de monde pour dire que c’est un média populaire (Bridgerton c’est 82 millions de vues, Stranger Thing 64 millions et le Jeu de la Dame 62 millions)

C’est pour toutes ces raisons que le média sériel doit être à l’image de la société et multiplier les représentations. Notamment, et vous voyez où je veux en venir, aller au-delà des stéréotypes féminins et dépasser l’obsolète patriarcat.

Les séries intersectionnelles

L’intersectionnalité (atchoum !) c’est une notion de sociologie. En bref, ce mot désigne la situation vécue par des gens qui subissent plusieurs discrimination en même temps (racisme, sexisme, homophobie…) Quand on parle de féminisme intersectionnel, c’est qu’en plus de vouloir l’égalité entre les hommes et les femmes, on prend en compte toutes les discriminations que peuvent subir les femmes dans leur individualité. Par exemple, une femme noire qui fait face au sexisme et au racisme ou une femme handicapée qui fait face au validisme et au sexisme…

Alors, quand je dis vouloir des séries intersectionnelles, c’est que je veux voir dans ma télé des femmes lesbiennes, noires, trans, musulmanes… Avoir une représentation plus juste de notre société. On a besoin de voir ces corps différents, ces sexualités différentes, ces gens différents. Il faut normaliser les différences. Donner des modèles de nana badass et pas juste « bonasses ».

badass- Samantha

J’aurais rêvé découvrir un personnage comme Samantha, cette nana afro-américaine géniale de la série Dear White People. C’est à travers elle que j’ai découvert le féminisme intersectionnel. Elle se bat contre un système aussi bien raciste que sexiste. Sam est un personnage féminin qui parle fort et défend ces convictions. Mega badass.

badass – Annalise & Olivia

On ne peut pas parler de féminisme intersectionnel dans les séries sans parler d’Annalise de How to Get Away with Murder et Olivia Pope de Scandal. Elles sont toutes les deux des femmes de pouvoir. L’une est une avocate très influente et l’autre régit la maison blanche. Elles sont, à mon sens, des modèles de personnages féminins afro-américaines puissantes.

badass – Rebecca

Il y a aussi le personnage fantasque de Rebecca dans Crazy ex-girlfriend (regardez cette série, c’est un bijou). C’est l’histoire d’une avocate promise à un avenir glorieux qui tombe par hasard sur son petit ami de colonie de vacances et qui décide, sur un coup de tête, de déménager de l’autre côté des USA. Même si les aventures de Rebecca tournent principalement autour de ce Josh, ça n’est qu’un prétexte pour parler de dépression, de quête de bonheur, de liberté… L’actrice-productrire-sénariste-showrunner de la série dévoile un personnage profond, sexuellement libre, qui ne répond pas aux normes physiques et qui compose avec sa dépression.

badass – Madeline, Celeste, Jane, Bonnie et Renata

On a également la sublime série Big Little Lies qui met en scène 5 femmes qui, pour moi, symbolisent la sororité dans les séries. Madeline, Celeste, Jane, Bonnie et Renata ne sont pas exemplaires mais humaines. En apparence, elles répondent à toutes les normes patriarcales : elles sont belles, riches, hétérosexuelles et cisgenre. Mais c’est une tout autre vérité qui les anime. Cette série est l’une des premières à traiter des violences conjugales (Si ce n’est la première, mais je ne veux pas trop m’avancer) Au de-là des personnages féminins révolutionnaires c’est une série crue, réaliste et bouleversante. Une série qui donne envie de changer les choses.

badass – Beth, Ruby et Annie

Enfin, une série showrunnée par une femme dont les personnages jouent avec les stéréotypes du patriarcat : Good Girls. Les trois personnages féminins Beth, Annie et Ruby utilisent leur statut de femmes au foyer comme couverture pour vivre leur vie de gangster. Annie est d’ailleurs le seul personnage de ma liste à ne pas être riche ou de classe moyenne. Toutes les trois, elles s’émancipent des normes et des règles au fils des saisons. Des trajectoires de vies puissantes.

Ces nouveaux modèles qui émergent dans les séries impactent notre façon de voir notre société. Avoir des personnages féminins avec des corps, des origines, des sexualités variés aident à se libérer des normes patriarcales pesantes. Rebecca est ronde et puissante, Samantha est noire et influente, Beth est femme et foyer et tient tête à un chef de gang… Elles influencent nos façons de voir la société dans le bon sens et participent à l’émancipation des femmes.

Pour la team LPP, la question de l’image des femmes dans les séries est une thématique très importante. Nous développons actuellement le Projet F, une expérience transmédia sur l’impact de la sous-représentation des femmes dans l’espace public. Nous sommes à la recherche de femmes souhaitant partager leur témoignage ainsi que d’association féministe souhaitant nous rejoindre. Alors n’hésites pas à nous contacter ici si tu veux participer à ce projet citoyen.

Article et illustrations par @chanelmentie
Sources : Les Echos // France Inter // Centre Hubertine Auclert // Reset.eco // Yes We Are
Pour aller plus loin : Brut – Viola Davis // Telerama – Rachel Bloom // RTL – les séries afro-féministes // Vanity Fair – Gossip Girl et la culture du viol // Les Glorieuses – l’intersectionnalité // Elena sans h – Féminisme intersectionnel