Avant de parler des mannequins grande taille, je voulais vous dire un grand merci (mais quelle transition sublime !) Certain.es d’entre vous sont venus applaudir ma superbe équipe lors de ces trois représentations exceptionnelles du Festin d’Octave. Merci infiniment !
Avant la folie des représentations, avant Noël et le jour de l’an, j’avais lancé une thématique sur le blog. Ça parlait pubs et représentation de la femme, vous vous souvenez ? Je reprends donc là où je me suis arrêtée avec ce nouvel article.
Cette semaine, on va parler des mannequins dîtes « grande taille » avec tous les paradoxes que cette démocratisation des représentations amène avec elle.
Bonne lecture !
C’est quoi un mannequin grande taille ?
Un.e mannequin est considéré.e « grande taille » lorsqu’iel dépasse la taille 36. Cette « catégorie » de mannequin est apparue avec le mouvement du body positive. Des marques qui en 2013 refusaient de produire au-delà du L (coucou Abercrombie) se décident enfin à démocratiser leurs tailles. En 2014, certaines décident de monter jusqu’au 2XL voir 4XL. Une ouverture qui leur a rapporté $17.6 milliards de Dollard cette même année.
Dans mon cartable, du rembourrage
Sur les sets des shootings de vêtements grandes tailles, les mannequins ont toutes dans leur valise un accessoire original : un kit de rembourrage. Ce kit contient des mousses pour les fesses, les cuisses, le ventre, la poitrine et la taille. Le tout se glisse sous un body couleur chair qui les maintient tout au long du shooting.
Le mannequin Karoline Bjørnelykke explique que c’est un accessoire indispensable à avoir avec soit en shooting. Il est courant que les productions achètent ces kits au modèle, en prenant soin le déduire de leur salaire. Qu’ils soient utilisés ou pas, Karoline explique que c’est considéré comme poli de l’apporter pour les modèles.
Gary Dakin, qui a fondé l’agence de mannequins toutes tailles JAG, défend l’utilisation de ces rembourrages. Un modèle pouvant porter jusqu’à 50 vêtements sur une journée de shooting, il explique alors que cet accessoire est plus rapide et moins cher qu’une couturière sur le plateau. Moui…
L’article choc de Rafinery29
Il y a quelques jours, je découvre la vidéo de Brut. Le média y donne la parole à une modèle américaine qui dénonce ces pratiques. Choc total. J’ai donc creusé un peu, vous commencez à me connaitre, et je me suis alors rendue compte que ces pratiques ont en fait été relevées en 2014 dans un article de Rafinery29. Cela fait donc 9 ans que l’entourloupe est publique, mais que rien ne change… À l’époque, l’article a pourtant été relayé par Les Inrocks ou encore le HuffingtonPost, mais quasiment une décennie après, les marques continuent d’utiliser du rembourrage sur leurs modèles en toute impunité. C’est fou quand on y pense, non ?
Dans son article, Rafinery29 donne la parole à 6 modèles qui montrent pour la première fois ces fameux rembourrages au grand public. Des photos irréalistes montrent les corps « à nu » puis « rembourré » de ces femmes. On assiste à une recherche de la perfection des « imperfections ». Désormais, on nous dicte où notre graisse doit se trouve pour que ça soit joli… On marche complètement sur la tête !
Body (pas) positif
Cette utilisation de rembourrage créer une nouvelle fois « des normes irréalistes et impossibles à atteindre » comme l’explique Karoline Bjørnelykke. Il est apprécié chez les modèles d’avoir un visages fin et dessiné. Les femmes dont le corps est corpulent auront, de fait, également le visage rond. C’est logique et naturel ! Ce qui n’est pas le cas des mannequins minces qui utilisent du rembourrage. Cela donne, au bout du compte, un résultat surréaliste. Derrière ces marques qui se collent l’étiquette du mouvement body positive, se cache encore une fois une norme non atteignable…
Les mannequins grande taille à suivre
Pour nous aider à varier les représentations auxquelles on est confronté chaque jour, voici quelques comptes IG de mannequins grande taille à suivre !
- Karoline Bjørnelykke, qui s’exprime dans la fameuse vidéo de Brut
- Precious Lee, qui a défilé pour Versace sur sa collection printemps-été 2021 lors de la Milan Fashion Week.
- Paloma Elsesser, qui a a défilé pour Ami à Paris il y a quelques jours.
- Jari Jones, l’égérie Calvin Klein.
- Ashley Graham, icône du mouvement bodypositive.
- Clémentine Desseaux, la frenchie girlboss.
- Tara Lynn, l’une des premières modele grande taille à poser pour la lingerie.
- Odile Gautreau, modele de ma marque préféré Make My Lemonade.
Si vous lisez ces lignes, c’est que vous avez lu mon article en entier. Un grand merci pour votre fidélité ! Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à m’envoyer un petit message sur mon compte IG. J’adore échanger avec vous ! Je vous dis à la semaine prochaine pour le dernier article de cette thématique. Bonne semaine !
Article écrit et illustré par Chanel Mentie
Sources : Brut / Refinery29
Pour aller plus loin, tu peux écouter l’épisode de Balance ta pépite qui parle de la représentation des femmes dans les pubs. Je partage mon micro avec mon experte sur l’épisode Lucile Grémion !
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